«L'homme possède à peine deux fois plus de gènes que la mouche. D'un
point de vue philosophique, c'est décevant. Pour nous, c'est une bonne nouvelle.» C'est par cette boutade que Jean Weissenbach, directeur général du Génoscope, le centre national de séquencage basé à Evry, a conclu, hier, la présentation d'une étude qui bouscule l'horizon des recherches sur le patrimoine génétique humain. D'après les travaux réalisés par son équipe, à paraître en juin dans le mensuel Nature Genetics, l'ADN humain recèle beaucoup moins de gènes qu'on ne le pensait. Depuis une décennie, on estimait les gènes humains au nombre de 80 000 à 100 000. Les chercheurs français proposent une fourchette entre 27 300 et 34 700 gènes. La dévaluation est sévère. Tant mieux: le travail de repérage et de séquencage des gènes humains, première étape vers la compréhension de la génétique humaine, sera achevé d'autant plus rapidement. Pour arriver à cette estimation, l'équipe du Genoscope s'est appuyée sur un logiciel informatique" et un minuscule poisson nommé Tetraodon nigroviridis. Considérant que ce poisson, comme tous les vertébrés, a un génome identique à 90% à celui de l'homme, les chercheurs se sont lancés dans l'exploration de son ADN. Ils ont séquencé un tiers de son génome, puis comparé cette information avec les séquences du génome humain déjà dans les bases de données internationales. Enfin, grâce à un nouveau programme informatique, elle a repéré les séquences génétiques communes au poisson et à