"Nous avons des éléments de réponses aux questions que nous avions posées il y a cinq ans." A 24 heures de l'ouverture du troisième congrès international consacré au cycle du carbone dans l'océan austral (1), Paul Tréguer, de l'Institut universitaire européen de la mer, a des raisons d'être satisfait, même s'il ne cache pas son inquiétude sur le réchauffement du climat. En 1990, les chercheurs s'étaient réunis une première fois pour lancer un audacieux programmes d'études de l'océan austral, la gigantesque mer qui borde le continent Antarctique, que les navigateurs en quête de records autour du monde connaissent bien.
Deux mécanismes distincts. Dix ans et soixante campagnes internationales de recherches plus tard, le rôle des océans dans les échanges de gaz carbonique avec l'atmosphère commence à être mieux compris. A mi-parcours, il avait été établi de manière certaine que les zones australes ne contribuent pas aux émissions de CO2 dans l'atmosphère mais jouent au contraire le rôle d'une véritable pompe, tout comme les eaux de l'Atlantique Nord. Cette année, une avalanche de résultats vient combler de nombreuses lacunes et autorise des modèles qui simulent les flux océan-atmosphère au cours des cinquante prochaines années.
"L'océan austral ne représente que 10 % des mers de la planète, et on a longtemps cru qu'il n'avait qu'une importance secondaire. On peut aujourd'hui affirmer qu'il contribue pour 30 % à 50 % du CO2 pompé dans l'atmosphère par les océans", annonce Paul Trég