Son pelage est ridicule mais finalement, le roi de la savane c'est peut-être lui, l'éléphant d'Afrique Loxodonta africana. Trois tonnes minimum, deux à trois mètres au garrot, des oreilles immenses, et surtout une mémoire auditive hors du commun. Bien supérieure à celle du lion, sans doute comparable à celle de la baleine ou du chimpanzé, mais surtout beaucoup plus subtile que les chercheurs le pensaient. Car après les avoir mis sur écoute plusieurs années en enregistrant leurs signaux de reconnaissance basse fréquence et en observant le comportement de ces pachydermes, Karen McComb, du département de psychologie expérimentale de l'université de Sussex (Grande-Bretagne) a enfin pu se rendre compte de l'étendue de leur réseau de relations, de leur capacité à se reconnaître et à se souvenir de leurs rencontres.
«Les éléphants se servent de certains signaux vocaux comme d'une carte de visite, explique Karen McComb. Ils leur sont personnels et leur permettent de se présenter les uns aux autres. Or nous nous sommes aperçus que la femelle éléphant peut reconnaître au moins cent barrissements différents et s'en souvenir plusieurs années.» (1) Une sorte de carnet d'adresses acoustique qui lui permet de distinguer ceux qu'elle connaît des autres et d'adapter son comportement.
Ainsi, si une femelle perçoit un appel d'un membre de sa famille ou d'un individu qu'elle a souvent rencontré, elle lui répond et s'en approche. Si elle le reconnaît sans être liée à lui, elle l'écoute mais l'igno