Les épidémies de choléra qui déferlent sur notre planète ont un coupable: la bactérie Vibrio cholerae El Tor. Hier, la séquence complète du génome de cette bactérie tueuse, qui faisait en 1998 plus de 10 000 victimes dans le monde, a été publiée dans l'hebdomadaire Nature (1). La découverte est le fruit de trois ans de recherches réalisées par plus de 30 scientifiques à l'Institut de recherche génomique (TIGR) et dans les universités du Maryland et de Harvard. Avec, en guise de locomotive médiatique, le célèbre Craig Venter, le fondateur de TIGR, qui mène la course au décryptage du génome humain face aux organismes publics.
Epidémies en série. Le séquençage des deux chromosomes circulaires a révélé 4 millions de paires de bases motifs chimiques constituant le génome et près de 4 000 gènes. «L'identification de la totalité des gènes va permettre d'aller beaucoup plus loin dans la connaissance de la bactérie du choléra», explique Jean-Michel Fournier, spécialiste de cette maladie à l'Institut Pasteur. En effet, alors que seulement 10 % des gènes étaient connus, le repérage et l'étude de la totalité des gènes va permettre de caractériser l'ensemble des fonctions de la bactérie. On pourra alors mieux comprendre comment elle se reproduit, se déplace, survit dans l'environnement marin (estuaires, eaux saumâtres) et par quels mécanismes ce micro-organisme d'origine aquatique est devenu un redoutable microbe pour l'homme. Avec, à terme, l'espoir de progresser dans la lutte contre