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Libération

Des clairières d'eau chaude dans la banquise.

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C'est normal l'été, mais le pôle Nord fond depuis 30 ans.
publié le 22 août 2000 à 3h35

Les passagers du brise-glace russe Yamal en seront pour leurs frais. Embarqués en croisière dans l'océan Arctique, ils s'attendaient à pouvoir fouler la banquise précisément sur le pôle Nord géographique, à 90 degrés de latitude, récepteur de positionnement par satellite en main. Mais la glace avait laissé la place à de l'eau, certes froide mais bien liquide, et il leur a fallu poursuivre leur voyage sur une dizaine de kilomètres pour trouver une glace suffisamment épaisse qui leur permette de débarquer. Parmi eux, deux scientifiques venus faire des conférences, qui sont allés raconter l'histoire au New York Times. Pour les passagers, le coupable ne fait aucun doute. «Il y a eu un sentiment d'alarme. Le réchauffement global semblait réel, et, pour la première fois, nous observions ses effets dans un lieu aussi septentrional», a témoigné James McCarthy, océanographe à l'université de Harvard, qui travaille également pour le Comité international sur le changement du climat (IPCC), piloté par les Nations unies.

Trous estivaux. C'est peut-être aller un peu vite en besogne. «C'est vrai que le phénomène peut paraître surprenant, mais il n'y a probablement rien de catastrophique, explique Jean-Claude Gascard, spécialiste de l'Arctique au laboratoire d'océanographie dynamique et de climatologie du CNRS. Cela se produit assez souvent dans la région, et pourquoi pas au pôle même. On appelle ces trous des polynies, du mot russe qui signifie clairière.» Le chercheur émet plusieurs hypoth