A première vue, il n'y a pas de différence. Les personnes repérées en 1996 par Gary Small, de l'université de Californie à Los Angeles, comme étant génétiquement susceptibles de développer une maladie d'Alzheimer ont répondu aussi bien et aussi vite que les autres aux exercices de mémoire qu'on leur proposait. Mais l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), une technique qui permet de visualiser en temps réel l'activité du cerveau au travers des flux sanguins, apporte un éclairage tout à fait nouveau à ces expériences (1).
Les images sont nettes et catégoriques. Elles montrent que le cerveau des individus à risques, porteurs d'un gène de prédisposition à la maladie mais ne présentant encore aucun symptôme, doit travailler beaucoup plus dur que celui des autres pour arriver aux mêmes performances. Il recrute des neurones supplémentaires et les sollicite davantage, pour compenser la perte de certaines fonctions. «Nous avons utilisé cette technique pour étudier comment le cerveau répond à des problèmes mnémoniques», explique le chercheur américain, qui a travaillé avec trente personnes, âgées de 47 à 82 ans, dont seize à risques.
En y regardant d'encore plus près, Gary Small s'est aperçu que les régions les plus actives sont celles où la maladie neurodégénérative est réputée faire le plus de dégâts. Les zones pariétales, temporales et frontales sont donc plus sollicitées chez les individus à risques que chez les autres. Deux ans après ces premières observations, le