Gaza envoyée spéciale
Il faut voir un jour le soleil se coucher sur Gaza, à l'heure où les fers à béton se dressent par milliers vers le ciel comme pour fuir les monceaux d'immondices qui jonchent le sol de cette bande de terre coincée entre Israël et l'Egypte. C'est à cet instant précis, entre chien et loup, quand les ânes ne craignent plus les voitures, que l'on comprend le mieux l'acharnement des archéologues à sauver les derniers vestiges des temps anciens, vite, avant que ceux-ci ne soient fracassés par les bulldozers, ramassés par les pelleteuses, enfouis sous les décharges à ordures, broyés par les fondations des HLM. Entre démographie galopante et espoirs de paix, Gaza bétonne, et ce n'est pas ce qui reste de son passé qui va la retenir.
Celui-ci l'a conduite dans une impasse où, sous le contrôle des Israéliens, elle s'asphyxie lentement. Peu importe donc les restes de l'époque du Bronze ancien (3300-2200 av. J.-C.) ou les monuments byzantins du VIe siècle découverts dans ses entrailles avec leurs pavements de mosaïques quasi intacts, Gaza ne rêve que d'un avenir forcément meilleur dans lequel les vestiges archéologiques n'auraient pour seul intérêt que d'attirer les touristes afin de faire tourner une économie en panne.
Anes crevés. «C'est un massacre qui a lieu ici, mais on ne peut pas totalement leur en vouloir... L'enjeu premier est de loger les gens et de les faire circuler sur des routes convenables», confie le père Jean-Baptiste Humbert de l'Ecole biblique et arc