Elles sont dix-huit. Planètes gazeuses, géantes à l'image de notre Jupiter. Et libres. Ces dix-huit lumignons, rougeoyant faiblement dans le ciel nocturne, ne sont attachés à aucune étoile et flottent librement dans l'univers. Une petite vingtaine d'astres dont la découverte (1) vient bousculer le bestiaire cosmique en y ajoutant une nouvelle catégorie qui pourrait bien compter des millions d'individus, voire des milliards, dans notre seule galaxie qui compte près de deux cents milliards d'étoiles. Toute une population jusqu'alors passée inaperçue.
Le petit coin d'univers où se nichent ces nouveaux venus n'est pas loin du tout de chez nous. Un peu plus de mille années-lumière seulement, à peine le centième du diamètre de la Voie lactée. Il est très connu des astronomes amateurs: lorsque l'on regarde dans sa direction, on tombe sur la magnifique nébuleuse dite de «la Tête de cheval». Un nuage de poussière y dessine, en effet, sur fond piqueté d'étoiles, l'encolure d'un équidé. C'est là, près de l'amas stellaire Sigma Orionis, autour de l'étoile très brillante du même nom, que les astronomes ont mis le télescope sur ces étranges objets.
Surprise générale. Etranges non par leur composition, mais par leur localisation. La galaxie compte probablement des milliards de Jupiter. Une certitude récente, acquise en moins de dix ans, depuis que les astronomes ont découvert de tels astres tournant autour d'autres étoiles que notre Soleil. Ils constituent la quasi-totalité de la cinquanta