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Libération

Mutation sur commande chez la souris

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publié le 11 octobre 2000 à 5h16

Une équipe de chercheurs de l'Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire de Strasbourg (1) vient de réaliser une jolie avancée technique. Ils ont mis au point un outil qui, pour la première fois, permet de tester de manière exhaustive les différentes fonctions d'un gène chez une souris. C'est en fait une de ces techniques qui permettront de donner un sens à la séquence complète du génome humain.

L'époque où les biologistes pensaient qu'à un gène correspondait une seule fonction est révolue depuis longtemps. Chacun des 30 000 à 60 000 gènes de notre génome a en fait plusieurs fonctions, selon qu'il est activé dans l'embryon, chez l'enfant ou chez l'adulte ; selon qu'il est «exprimé» dans le cerveau, le foie ou la peau. Mais comment savoir où et quand un gène agit? Depuis quelques années, les biologistes utilisent des souris «knock-out» : ils fabriquent des embryons chez lesquels un gène a été inactivé. Cela permet de voir ce qui manque quand cet embryon se développe et d'en déduire la fonction du gène.

Frappe. Le problème, remarquent certains chercheurs, c'est que les «knock out», c'est un peu comme la grosse Bertha, là où il faudrait une frappe chirurgicale. Comme le précise Pierre Chambon, qui a dirigé les chercheurs strasbourgeois : «Si la mutation qu'on a provoquée est létale chez l'embryon, on n'a aucune chance de voir la fonction du gène chez l'adulte.» Si le gène intervient aussi dans, par exemple, le métabolisme du foie adulte, on ne le saura jamais.