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Libération

Les chasseurs de boson ne veulent pas lacher prise

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publié le 17 octobre 2000 à 5h29

Genève envoyé spécial

Shakespeare, Corneille? Quel auteur dramatique faut-il invoquer pour décrire ce moment où des scientifiques tout ce qu'il y a de plus rationnels ont du mal à calmer leurs battements de coeur? «L'adrénaline est montée d'un coup», avoue Michel Spiro. Le frêle physicien boit plutôt de la camomille lors des discussions de bar. Et de la tisane, il va lui en falloir, s'il veut garder la tête froide dans les trois prochaines semaines.

Ce mercredi 12 octobre, il sort tout juste de la réunion du comité scientifique du Large Electron Positron Collider (LEP) ­ le collisionneur circulaire d'électrons de 27 kilomètres du Cern, la plus grande machine du monde. Président du comité, il aurait dû saluer la fin du LEP, début septembre, après onze années de bons et loyaux services. Le «seigneur des anneaux» était promis à démantèlement pour faire place à une nouvelle machine, le Large Hadron Collider (LHC) un collisionneur de protons ­ des particules plus lourdes qui forment les noyaux atomiques. Une machine de dix milliards de francs, réalisée en coopération planétaire. Et destinée à «chasser le boson de Higgs», cette mystérieuse particule qui serait à l'origine, sinon du monde, du moins de la masse des particules, donc de celle de tous les objets de l'Univers. Mais voilà que, durant l'été, les ingénieurs poussent le LEP au faîte de sa puissance, prenant tous les risques. Et que le fameux boson de Higgs montre le bout de son nez!

«Le Graal». «Juste un signe», précise Michel