«Sur les trente génomes de bactéries déchiffrés, aucun n'a jusqu'à maintenant apporté de découverte fondamentale, reconnaît Jean-Michel Claverie, du laboratoire d'information génétique et structurale du CNRS à Marseille. Il a fallu attendre le trente et unième: celui de "Rickettsia conorii", une bactérie pathogène transmise par les tiques, pour découvrir un nouveau type d'élément génétique.» Et encore, plusieurs équipes de chercheurs sont passées à côté, jusqu'à ce que l'équipe de Jean-Michel Claverie analyse son ADN et y repère un motif moléculaire répété à plusieurs dizaines d'exemplaires. Signe que ce motif a pu se multiplier et également «sauter» de site en site le long des molécules d'ADN pour s'y installer. On le trouve aussi bien dans l'ADN silencieux que dans celui qui code les gènes.
L'idée d'éléments mobiles qui se déplacent dans l'ADN n'est pas si nouvelle. Les transposons, d'autres molécules sauteuses, ont des mécanismes de duplication et de déplacement bien identifiés. Mais cela ne colle pas avec le «comportement» des éléments mobiles découverts dans l'ADN de Rickettsia conorii.
Et ce n'est pas tout. «Ce qui est totalement surprenant, précise Jean-Michel Claverie, c'est que ces éléments mobiles peuvent s'intégrer dans des régions codant la production de protéines sans perturber la protéine finale. Or, en général, quand des éléments colonisent un gène à la manière de parasites, ils font des dégâts.» Ils empêchent la production de protéines normales...
Mais pas dans