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Libération

Voyage dans la maison de l'électron

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publié le 25 octobre 2000 à 5h44

Grenoble envoyé spécial.

Le fil ténu mais solide d'une araignée, un gros virus, du fer comprimé comme au centre de la Terre, une mémoire super-dense pour ordinateur du futur... C'est fou ce que l'on peut trouver dans cet étrange bâtiment circulaire d'environ un kilomètre de circonférence dont la toiture blanche saute aux yeux du promeneur s'élevant sur les contreforts du Vercors. Ici, à l'European Synchrotron Radiation Facility (ESRF), on fait dans l'éclectique. «Dans le pluridisciplinaire», précise Yves Petroff, son directeur, qui a fait de l'ESRF la référence mondiale des synchrotrons. Des machines où l'on extrait d'un accélérateur d'électrons des faisceaux de rayons X capables de révéler l'organisation atomique et moléculaire de toutes sortes de matériaux, vivants ou inertes.

Les trois gros. Inauguré en 1994, l'ESRF fait partie du «big three» mondial. Trois synchrotrons, avec l'APS aux Etats-Unis et Spring-8 au Japon (1), dont l'énergie des électrons va de six à huit milliards d'électronvolts. Celui de Grenoble est à la fois le moins puissant... et le meilleur. Yves Petroff aligne les succès qui font la une des revues scientifiques comme Nature. C'est ici que des scientifiques ont élucidé la structure d'énormes molécules biologiques ­ comme le ribosome qui fabrique les protéines en suivant les plans de l'ADN ou le virus de la langue bleue qui attaque les bovins. Des centaines d'articles écrits par des chercheurs attirés ici par l'excellence de la machine. «On va vers les 4