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Libération

Un fil de carbone cousu de promesses

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publié le 21 novembre 2000 à 6h51

Dix mètres de fil. Un article dans la revue Science (1). Et un brevet qui pourrait valoir de l'or. C'est le butin d'une équipe de chimistes bordelais et montpelliérains qui vient de réussir à tisser un fil à partir de particules microscopiques, les nanotubes de carbone, découvertes il y a moins de dix ans (2). Un fil qui promet d'être cent fois plus solide que l'acier mais six fois moins lourd. Avec lequel on pourrait faire, explique le Bordelais Philippe Poulin, «des câbles résistants et légers, des fils électriques, des muscles artificiels, des drapeaux fournissant de l'électricité lorsque le vent les agitera». Un matériau high-tech aux promesses multiples...

Cristalline. Cela fait près de dix ans que les physiciens et les chimistes se demandent comment fabriquer un fil avec ces mystérieux nanotubes de carbone. Une découverte de 1991, faite par une équipe japonaise, dans l'euphorie qui a suivi celle des fullerènes, ces assemblages d'atomes de carbone en forme de ballon de football, réalisée en 1985. Excités par cette nouvelle forme cristalline du carbone ­ jusqu'alors seuls étaient connus le diamant et le graphite ­, les chimistes l'ont soumise à toute sorte d'expériences. Et ont mis le microscope sur d'étranges cylindres, qui se présentent un peu comme un grillage enroulé sur lui-même et dont les mailles seraient constituées d'atomes de carbone organisés selon un ordre strict. Des tubes qui peuvent être fermés par des demi-sphères de carbone, s'étendent jusqu'au millimètre