Et si, aux Etats-Unis, on votait plutôt en tirant à pile ou face? Une idée pas si saugrenue que cela, défend Etienne Parizot, astrophysicien au CNRS et amateur de statistiques. «Le résultat de l'élection présidentielle en Floride est incroyable. C'est comme s'il n'y avait pas d'opinion.» Surpris par la faible avance de Bush sur Gore, avec 537 voix pour 6 millions de votants, le chercheur s'est livré à un étonnant calcul (1). «Un simple tirage à pile ou face entre les deux candidats aurait sans doute donné un écart beaucoup plus important.» Suivant les lois de la statistique, il constate que, pour 6 millions de tirages à pile ou face, on peut s'attendre à un écart d'environ 2 500 entre le nombre de «pile» et celui de «face».

Confusion. Plus inquiétant pour la régularité des résultats, des chercheurs ont tenté d'éclaircir le mystère des bulletins papillons utilisés dans le comté de Palm Beach (2). Pat Buchanan y a curieusement reçu près de quarante fois plus de suffrages que dans les comtés similaires de Floride. Au Canada, ces chercheurs ont disposé les noms des candidats à l'élection du Premier ministre canadien sur un bulletin papillon, de la même manière que les noms de Bush, Buchanan et Gore étaient placés, décalés, en deux colonnes sur les papillons de Palm Beach. Ils ont présenté ce bulletin à 58 personnes, en leur demandant également d'inscrire le nom de leur candidat sur une feuille séparée. Résultat: près de 8 % des cobayes se sont trompés. Cochant la case qui, aux Et