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Libération

Le coeur au rythme de la tarentule

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publié le 5 janvier 2001 à 21h31

La tarentule chilienne ­ Grammostola spatu lata ­ a les poils rosés. Elle est souvent choisie comme animal de compagnie pour sa docilité, comme animal de laboratoire pour ses talents de chimiste. Et son venin inoffensif pourrait bien finir dans des flacons de médicaments. En travaillant sur des cellules de lapin, des chercheurs américains viennent de montrer qu'un de ses composants peut jouer les régulateurs du rythme cardiaque (1). «Nous avons testé beaucoup de venins d'insectes, de scorpions, d'araignées et d'autres produits naturels», raconte Frederick Sachs du département de physiologie de l'université de Buffalo (New York). Mais seule la petite protéine GsMTx-4 de Grammostola spatulata, cette araignée cousine de la veuve noire, semble permettre au coeur de garder la cadence et l'empêcher de perdre son rythme après un infarctus, une hypertension ou une anomalie des valvules cardiaques.

Poison. «Les venins possèdent des centaines de molécules actives, explique le chercheur. Ce sont donc de bonnes sources de molécules thérapeutiques.» Un autre composant du poison de tarentule avait déjà été proposé comme analgésique et substitut de morphine. Il est toujours à l'étude. Mais, pour Frederick Sachs, la petite protéine GsMTx-4 serait «la seule molécule connue à ce jour capable d'agir spécifiquement sur certains canaux ioniques», ces minuscules pores à la surface des cellules qui permettent notamment aux neurones de communiquer entre eux et aux cellules du coeur de se contracter