L'origine des hommes modernes fut plus compliquée que ce qui était envisagé.» Le propos est un tantinet désabusé. Il conclut le commentaire de John Relethford, distingué anthropologue new-yorkais, sur une nouvelle étude génétique parue mardi dans la revue de l'Académie des sciences américaine (PNAS). Et il reflète bien le sentiment dominant dans la petite tribu des paléoanthropologues après plus de quinze ans de polémiques rageuses sur ce sujet mythique. Des polémiques que deux travaux celui publié dans les PNAS, dirigé par Alan Thorne (1), qui a réussi à étudier de l'ADN d'hommes fossiles australiens, et un article de Milford Wolpof, un anthropologue américain, qui sort aujourd'hui dans Science (2) ne font que relancer, sans pouvoir y mettre fin.
D'où venons-nous? Plus précisément: quelles relations de parenté les hommes modernes, Sapiens sapiens, ou «de Cro-Magnon», du nom du site où l'un des crânes les plus célèbres de la préhistoire fut découvert, entretiennent-ils entre eux et avec la flopée d'hommes fossiles découverts de par le monde? Depuis plus de quinze ans, les champions de deux hypothèses s'opposent, font les délices des publications scientifiques et fournissent matière à feuilleton. Un champ clos d'affrontements, avec ses intégristes et ses modérés, où se mêlent disciplines génétique moléculaire contre ossements fossiles et deux idées évolutionnistes.
Origine africaine. Selon la première hypothèse, l'homme moderne est issu d'une «spéciation» l'apparition