Paris, qui n'est guère plus bas en latitude que Montréal, subira-t-il un jour les hivers québécois? Lesquels sont certes magnifiques, mais si longs. C'est que la Belle Province est refroidie par le courant du Labrador, venu du Nord. Alors que l'Europe de l'Ouest bénéficie du Gulf Stream, un courant chaud venu des tropiques.
Un Gulf Stream qui, depuis quelques années, focalise l'attention des climatologues. Dans la revue Nature de la semaine dernière, deux articles rendent compte d'expériences numériques qui tentent d'explorer ses caprices passés et son éventuelle réaction face au réchauffement futur de la planète pour cause d'effet de serre renforcé par la pollution. «C'est une étape cruciale», explique Denis Paillard, du laboratoire des sciences du climat (CEA-CNRS), saluant ainsi le travail de ses collègues Andrey Ganopolski et Stefan Rahmstorf (1). Les deux climatologues de Potsdam (Allemagne) ont concocté un système océan-atmosphère sur ordinateur qui révèle comment s'opèrent les brutaux changements de régime du Gulf Stream durant la dernière ère glaciaire, il y a 100 000 à 10 000 ans.
Abysses. Pour obliger ce courant chaud à modifier sa course, il faut l'empêcher de plonger. Le Gulf Stream fait en effet partie d'une boucle. Il n'est que la partie visible, à la surface de l'océan, d'un courant qui plonge vers les abysses aujourd'hui en mer de Norvège , puis circule au fond de l'Atlantique, en direction du sud. Stopper cette plongée, le talon d'Achille de la boucle, bloq