Un jour, nos ancêtres ont commencé à parler. Mais quand? Et comment? Pendant longtemps, aucun chercheur sérieux n'aurait rêvé répondre à cette question. Quand les paléontologues essaient de reconstituer les premières pages de l'histoire de l'homme, ils ont des silex pour visualiser les premiers gestes, des fémurs pour imaginer la bipédie et des dents pour reconstituer l'alimentation. Mais comment faire avec le langage, qui ne laisse pas de traces?
Sépultures. Depuis quelques années, des chercheurs ont commencé à s'attaquer à la question. En France notamment, le CNRS a lancé il y a quelques mois un programme interdisciplinaire intitulé «Origine de l'homme, du langage et des langues», coordonné par le linguiste Jean-Marie Hombert. En avril 2000, une conférence internationale sur l'évolution du langage a été organisée à Paris. Et, il y a quelques semaines, un séminaire s'intéressait à «La communication chez nos ancêtres» (1), à l'Ecole nationale supérieure des télécommunications (ENST).
Plusieurs disciplines sont directement concernées par l'apparition du langage, la linguistique, bien sûr, mais aussi l'archéologie. «On n'a pas de preu ves directes de l'existence du langage, explique l'archéologue Francesco D'Errico, de l'université de Bordeaux. Mais on peut rechercher des preuves indirectes.» Son hypothèse: le langage est apparu chez des individus qui avaient accès à la pensée symbolique. «Les seules preuves indirectes d'une pensée symbolique chez les hommes qui vivaient il y a