Une découverte à garder secrète? Des premiers résultats à conserver en attendant confirmation? Depuis le XVIIIe siècle, le règlement intérieur de l'Académie des sciences stipule qu'elle «accepte le dépôt des plis cachetés dans ses archives». Une manière de faire date, et de prouver l'antériorité d'un résultat sans valeur de brevet.
Règles. Peu importent les théories, théorèmes, traités, équations ou les feuilles blanches qu'ils dissimulent, les travaux ne sont connus que de leur auteur. Et l'enveloppe doit se plier à quelques règles: «Le nom et l'adresse de l'auteur doivent être inscrits lisiblement sur le pli, dont les dimensions ne doivent pas dépasser 38 cm par 25 cm et 1,5 cm d'épaisseur. Les plis ne seront pas obligatoirement scellés à la cire.» Une règle complétée depuis: «L'emploi de bandes adhésives n'est pas accepté.»
Le premier pli est arrivé en 1701, envoyé par le mathématicien suisse Jean Bernouilli. Mais il ne portera pas de numéro. Car la procédure de dépôt n'a été officialisée qu'en 1735 avec la mise en place d'un registre. Depuis, 17 510 enveloppes sont parvenues au 23, quai de Conti à Paris. Louis Pasteur, le biologiste Claude Bernard, ou encore Nicéphore Niepce, l'inventeur de la photographie, ont expédié des plis cachetés. Ils sont parfois revenus les chercher un peu plus tard, sans qu'on puisse savoir ce qu'ils contenaient. Souvent, les scientifiques demandaient eux-mêmes l'ouverture de leur pli par les académiciens. C'est ainsi que le physicien Frédéric Jo