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Libération

Vingt mille lieues sous le fleuve Zaïre

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La mission ZaïAngo de l'Ifremer a exploré les canyons creusés sous la mer par les eaux fluviales.
publié le 30 janvier 2001 à 22h18

Brest envoyé spécial

«Lorsque Victor, notre robot sous-marin, est arrivé au fond, sous 2 580 mètres d'eau, nous avons mis en marche caméras et phares», raconte Bruno Savoye, expert en géosciences marines au centre brestois de l'Ifremer (1). Là, les scientifiques auraient dû découvrir le spectacle d'une version aquatique du canyon du Colorado. «Mais rien. Noir total sur les écrans. Une panne?» Le pilote de l'Atalante, relié par câble au Victor, s'étonne. Les moteurs, d'ailleurs stoppés, ne lui autorisent qu'une vitesse de 2 km/h. Là, l'engin file au double! Avec précaution, il commande une remontée. Après vingt mètres, les écrans virent au rougeâtre. Puis s'éclaircissent au fur et à mesure que le solide robot s'extirpe... «d'une avalanche!»

En fait, un véritable fleuve de boue, provoqué par la crue du Zaïre. Dense au point d'aveugler le robot, malgré ses phares puissants. A cent kilomètres de son embouchure, le fleuve est encore là, qui rampe vers le large, piégé au fond du canyon par sa densité supérieure à celle de l'eau de mer. Bruno Savoye est encore tout retourné de cette rencontre historique, une première. Il y a de quoi. Ce 19 décembre 2000, au large des côtes angolaises, il s'est retrouvé dans la peau du volcanologue observant une éruption, ou du géologue pris par un tremblement de terre. Voir à l'oeuvre, par caméra interposée mais en direct, l'une des plus grandes forces cachées de la nature: le façonnement de l'immense canyon sous-marin creusé par le Zaïre.

Cette avala