Menu
Libération

Fronde scientifique contre la réforme

Article réservé aux abonnés
L'institution est divisée face au projet.
publié le 6 février 2001 à 22h38

Hier établissement puissant et respecté, le muséum est aujourd'hui en perdition. A qui la faute? «Aux gouvernements successifs», s'indignent de nombreux scientifiques outrés qu'on leur reproche une décadence liée à une asphyxie financière durable. Leur solution: «Des crédits, des postes, et laissez-nous faire.» Las! En 1999, lorsque le préhistorien Henri de Lumley, dernier directeur adoubé par ses pairs, termine son mandat, le ministre Claude Allègre, choisi le Blitzkrieg: il nomme un administrateur provisoire, l'énarque Jean-Claude Moreno, lui confie les clés, le budget, et le charge de présenter un projet de modernisation. Jean-Claude Moreno travaille en spécialiste: il a mis en musique la mission Grands Travaux sous Mitterrand. Il chiffre à 2,6 milliards (396 millions d'euros) la somme nécessaire à la remise à niveau du muséum. Et montre une grande ambition pour l'établissement, qu'il verrait bien construire à Brunoy (Essonne) et récupérer les bâtiments du musée des Arts d'Afrique et d'Océanie (porte Dorée, dans le XIIe à Paris): «Le muséum étouffe dans ses bâtiments conçus il y a un siècle», estime-t-il.

«Risorgimento». Promesses? «On est bien obligé d'y croire», soupire un scientifique. Surtout, la réforme qu'il propose est un véritable séisme. Sous Cuvier (XIXe siècle), ce patrimoine était géré par des scientifiques dotés de ressources considérables. Aujourd'hui, il vit sous le régime Savary (1984), qui assure l'autonomie des universités. Est-il adapté au muséum de dema