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Libération
Interview

«Pas plus complexe qu'une mouche»

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publié le 13 février 2001 à 22h51

La découverte du faible nombre de gènes humains va-t-elle modifier la vision de l'homme et de l'avenir des biotechnologies ? Jean-Michel Claverie est directeur du laboratoire Information génétique et structurale (CNRS-Aventis).

L'homme n'ayant «que» 30 000 gènes, il devrait, dit-on, sa complexité à un formidable réseau d'interactions entre gènes. Qu'en pensez-vous ?

C'est un dogme nouveau, un coup de bluff fondé sur des considérations philosophiques, économiques. Mais pas du tout scientifiques. Les gens ne supportent pas l'idée que l'homme soit à peu près aussi complexe qu'une mouche. C'est comme lorsque Darwin a dit que l'homme descendait du singe, tout le monde s'est mis à hurler. Alors, on cherche des explications. Si l'homme a moins de gènes que le riz, c'est donc que ses gènes sont plus compliqués. Ou qu'ils ont des interactions plus complexes. Ou encore que chacun de ses gènes fabrique différentes protéines, aux fonctions diverses. Tout cela n'a aucun fondement scientifique. La seule loi qui vaille, depuis les débuts de la génétique moderne, est la suivante : un gène «code» pour la fabrication d'une protéine. Certes, on sait depuis quelques années qu'un gène peut diriger la synthèse de plusieurs variantes de la même protéine. Mais ce mécanisme n'est pas propre à l'homme. Il existe chez le ver, la mouche et toutes les bestioles connues. Il n'y a aucune raison de penser que les gènes génèrent particulièment plus de complexité chez l'homme. Non, il va falloir se faire à l'i