En légère avance sur la Saint-Valentin, le galant robot Shoemaker a finalement embrassé l'astéroïde Eros, lundi vers 21 heures (heure de Paris), après un an de cour assidue et un voyage de 3,2 milliards de kilomètres. Le baiser avait toutes les chances d'être fatal, puisque la sonde Shoemaker (1) n'avait pas été conçue pour se poser sur l'astéroïde, et devait juste en faire le tour. Mais la baraka, qui fait défaut aux missions martiennes, joue à plein dès qu'il s'agit des petits corps du système solaire.
S'il est peu probable que la sonde puisse encore fonctionner, elle a envoyé des images jusqu'au dernier moment de sa descente on devrait y distinguer des détails de 10 cm! et un signal indique qu'elle a survécu au choc de l'atterrissage. Les scientifiques de la Johns Hopkins University (Maryland, Etats-Unis), qui ont construit et piloté la sonde depuis son lancement en février 1996, ont savouré ce «bonus», terminant par un coup d'éclat une mission qui restera dans les annales de la conquête spatiale. Shoemaker, pour environ 230 millions d'euros seulement, a réalisé la première véritable étude d'un astéroïde et démontré la possibilité d'en savoir plus par des expériences in situ (2).
Précision diabolique. Le pilotage de la descente finale, tout en finesse, n'avait rien d'évident. Eros est en ce moment à plus de 300 millions de kilomètres de la Terre. Il faut donc plus d'une demi-heure aux signaux radio pour faire l'aller-retour. La manoeuvre avait été calculée avec une extr