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Libération

La cite des cerveaux sans le sou

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publié le 20 février 2001 à 23h03

Novossibirsk envoyée spéciale

Pressées, les silhouettes se suivent à la file indienne sur l'étroit chemin. Pour croiser un individu marchant en sens inverse, il faut se décaler d'un pas à droite ou à gauche. A coup sûr, le pied s'enfonce dans la poudreuse. Ici, l'air pur et les bâtiments peu éloignés les uns des autres rendent la marche à pied agréable. Laborieuse, l'atmosphère est restée exactement ce qu'avaient souhaité les créateurs du site en 1957. Plus de quarante ans plus tard, Akademgorodok («la petite ville académique»), nichée au coeur d'une forêt de pins et de bouleaux à une trentaine de kilomètres de Novossibirsk ­ mégalopole sibérienne située à plus de 3 000 km à l'est de Moscou ­, reste fidèle à son mythe fondateur: la science. Les chercheurs oeuvraient alors pour l'évolution scientifique de la mère patrie soviétique; aujourd'hui, ils peinent à survivre avec le budget de l'Etat, mais les instituts les plus «concurrentiels» se sont adaptés.

Le campus universitaire de la NGU (Université d'Etat de Novossibirsk) est planté au centre même d'Akademgorodok, bourgade de 50 000 habitants constituée de deux artères portant chacune le nom de célèbres académiciens. L'avenue Lavrentiev fut même un temps mentionnée dans le Livre Guinness des records comme «la plus longue avenue scientifique du monde». Aujourd'hui, «tout tombe plus ou moins en ruine, surtout les canalisations», note tristement Larissa Kostrovaïa, 74 ans, préposée au vestiaire de la Maison des scientifiques, un c