Washington
de notre correspondant
La polémique sur les ossements américains n'est pas née avec la découverte de l'homme de Kennewick. D'au tres batailles ont éclaté entre Indiens et scientifiques. La presse n'en faisait jusque-là pas grand cas, probablement par crainte que ces disputes soient exploitées par les quel ques fanatiques de la «race blan che» trop heureux de décréter que les vrais native Americans ne sont pas les ancêtres des Indiens, mais des Caucasiens d'origine européenne.
En 1993, l'archéologue Robson Bonnichsen, directeur du Centre de recherche sur les premiers Américains, à l'université de l'Etat de l'Oregon, a découvert des cheveux humains dans un site du sud-ouest du Montana, qui lui semblaient être vieux de plus de 11 500 ans (date supposée du premier peuplement de l'Amé rique par les populations ayant traversé le détroit de Béring). Deux tribus voisines, les Salish-Kootenai et les Shoshone-Bannock, ont exigé l'arrêt des recherches qu'ils jugeaient sacrilèges. S'appuyant sur la loi sur la protection des tombes amérindiennes, ils ont eu gain de cause: les recherches sur les quelques cheveux ont été gelées. Après une bataille de deux ans, Robson Bonnichsen a fini par faire annuler la décision, mais les études sur l'ADN des cheveux n'ont toujours pas pu être engagées.
«Perdus à jamais». Une association basée à Portland, Friends of the American Past, a recensé six cas d'ossements qu'elle considère comme «perdus à jamais» pour la recherche. A Buhl, dans l'Idaho, u