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Libération

Tsarines et duchesses belles à mourir

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par Hélène VAILLE
publié le 24 mars 2001 à 0h12

Difficile d'imaginer que le fard, les onguents et autres cosmétiques aient pu être d'insidieux poisons pour les princesses slaves du Moyen Age... Et pourtant, le Russe Alexandre Alexandrovsky, de l'Académie des sciences, a dû se rendre à l'évidence: parti tout simplement analyser les couches de sol remontant aux XIVe et XVe siècles pour évaluer la situation écologique de l'époque, ce chercheur a découvert des quantités très élevées de métaux lourds dans les ossements enfouis dans la nécropole de la cathédrale du Kremlin. En particulier dans les ossements et certains accessoires, mais pas dans le sol. Plomb, mercure, arsenic, rien ne manque. Plus intrigant, seuls les os féminins semblent touchés. Les os de la grande-duchesse Sofia, décédée en 1503, affichent ainsi un taux de 58,6 mg de plomb par kilogramme, quand la norme est, aujourd'hui, de 1,9 mg/kg. Et ce n'est pas tout: ses restes conservent 27 mg/kg de zinc (norme: 14 mg/kg) et 7,1 mg/kg de cuivre (norme: 1,8 mg/kg). Dans le sol du sud de la Russie, la même équipe a trouvé dans la tombe d'une princesse scythe du IIIe siècle un «sac à main» présentant des traces de métaux lourds en quantité similaire.

Plomb. La tsarine Evdokia Streshneva, morte, elle, en 1655, bat un record d'intoxica tion au plomb (115 mg/kg). Un siècle plus tôt, la princesse Evdokia Stariskaia avait eu le temps d'assimiler quelque 142 mg/kg de baryum (norme: 30 mg/kg). Les chercheurs russes semblent convaincus que «le mercure, le plomb, le cuivre et le