Ciel bleu, sol blanc, températures estivales, «aux alentours des moins 30 degrés», raconte Laurent Augustin. Le glaciologue (1) grenoblois revient de l'Antarctique avec une bonne nouvelle pour les paléoclimatologues: le forage de la glace polaire entamé sur le site de la future base permanente franco-italienne Concordia, en plein coeur du continent glacé, avance à grands pas.
Située à 1300 km des côtes, au sommet d'un vaste dôme, Concordia est installée sur une couche de 3,5 kilomètres de glace qui repose sur un socle rocheux. Une épaisse couverture formée année après année qui recèle 400 000 ans d'ar chi ves climati ques. Les glaciolo gues savent y lire la température de l'air au moment de la chute de neige, mais aussi ses teneurs en gaz à effet de serre. Ils mesurent également les concentrations en poussières, témoins de l'érosion des déserts par les vents.
Effet de serre. C'est là, en Antarctique, que la preuve du lien entre gaz à effet de serre et climat global a été trouvée, au milieu des années 1980, grâce aux carottes de glace de la station russe Vostok. Avec le forage de Concordia, les climatologues veulent affiner leurs connaissances des évolutions passées, pour mieux prévoir celle d'un futur sous influence de la pollution indus trielle.
100 000 ans d'archives. Les forages glaciaires sont toujours des opérations risquées. En 1999, une première tentative s'est arrêtée à 780 mètres. Bloqué au fond du trou, «le carottier y est toujours... et pour longtemps», raconte Laure