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Libération

Une souris sans gène et sans sexe

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publié le 29 mars 2001 à 0h14

David Ornitz et ses collègues de l'université de Washington ont eu de la chance. «Un gros coup de bol», ajoute Bernard Jegou, directeur du Groupe d'étude de la reproduction chez le mâle. Ils voulaient comprendre l'influence du Fgf9 (fibroblast growth factor), une molécule biologique, sur le développement des poumons; ils lui ont trouvé un rôle bien plus inattendu et ont «décroché la timbale» au rayon de la différenciation des sexes (1), continue le chercheur français. Cette découverte tient presque du hasard. Comme leurs souris transgéniques, dépourvues du gène Fgf9, mouraient toutes à la naissance, ils n'ont pas tout de suite pensé à compter les mâles et les femelles et à commencer des statistiques. Mais quand ils se sont penchés sur la question, le recensement et les autopsies se sont compliqués et le résultat est devenu intéressant.

Prostate. La moitié de leurs souris étaient bien génétiquement mâles et l'autre génétiquement femelles. Mais pas anatomiquement. Impossible d'identifier un seul organe ressemblant à une prostate chez les mâles. Etonnant. Avec leur chromosome Y, ils auraient dû posséder une prostate et des éléments reproducteurs clairement masculins. Au lieu de cela, non seulement leurs testicules, quand ils en avaient, paraissaient dramatiquement sous-développés, mais la plupart des soi-disant mâles présentaient même un appareil génital féminin. Comme si le processus de masculinisation s'était interrompu précocement. Le responsable? Le gène Fgf9 manquant, dans