Certains arbres apprécient décidément beaucoup les fortes concentrations de gaz carbonique. On savait déjà que leur croissance était plus rapide dans une atmosphère enrichie en CO2. Aujourd'hui, on s'aperçoit qu'ils arrivent à maturité sexuelle plus vite et se reproduisent nettement plus. Pour le vérifier, des chercheurs américains de la Duke University ont testé, sur quatre ans, les réactions du pin à encens, une espèce nord-américaine (1).
Stimulation. L'originalité de l'expérience de Shannon LaDeau et Jim Clark est qu'elle se situe à l'air libre et non en serre. Spectaculaire, mais onéreux. Dans la forêt de Duke, en Caroline-du-Nord, les scientifiques ont entouré la plantation de grands tubes qui déversent du gaz carbonique dans des proportions ajustées par ordinateur. Objectif: ajouter 200 ppm (parties par million) de plus que la moyenne, qui se situe autour de 360 ppm. Après trois ans de ce régime, la fécondité de ces arbres âgés de 19 ans a largement dépassé celle de leurs voisins restés en atmosphère normale. Là où les pins produisent 17 100 graines par hectare, les «expérimentaux» en produisent 50 000. En 1995 déjà, une étude menée par d'autres chercheurs de la même université avait montré une forte stimulation de la photosynthèse des pins à encens poussant dans une atmosphère «enrichie».
En France, les chercheurs de l'Inra mènent des expériences en serre depuis des années. D'après leurs résultats, les arbres ainsi conditionnés deviennent plus sensibles à la sécheresse