Quiberon envoyée spéciale
Les vieux morceaux de bois tendus vers l'horizon, suivant la forme d'un poisson, ont surgi des sables de la plage de Penthièvre un jour de février. Quelques centaines de mètres avant le fort, sur la presqu'île de Quiberon. Plein ouest. Quelqu'un a dit : «C'est un drakkar.» Et la machine s'est emballée. Le jour même, les représentants de la municipalité, ceux de la direction régionale de la culture, les journalistes et les curieux se retrouvaient sur la plage pour «voir». Les chevilles en bois, l'absence apparente de métal (en fait, on en a retrouvé quelques traces) laissaient penser que le bateau était ancien.
Deux mois plus tard, au début du mois d'avril, les spécialistes de l'archéologie sous-marine, basés à Marseille, montent à Quiberon pour expertiser l'épave à la faveur d'une grande marée. Ce n'est pas un drakkar, ils le savaient. L'épave a été datée du XVIIIe siècle. Un navire qui revenait de Saint-Domingue chargé d'épices et de bois rouge ? Un de ces petits cotres armés en course avec six ou huit canons qui patrouillaient pour chasser l'Anglais ? Un souvenir de la chouannerie avec la tentative de débarquement des émigrés de Quiberon qui voulaient reprendre le pouvoir ? Les archéologues enquêtent les pieds dans l'eau. Le public rêve de chasse au trésor.
La mer s'est retirée loin, mais l'épave reste enfoncée dans une flaque d'eau et les bottes n'y suffisent pas. Il faut enfiler la salopette en ciré avec bottes intégrées ou la combinaison de plongé