Dans la famille éléphant, la grand-mère Loxodonta africana, n'est pas du genre à somnoler en contemplant la savane. Elle préfère entraîner sa mémoire et assurer le service d'ordre de sa troupe. «Nous venons de comprendre son rôle clé dans la sécurité et l'unité familiale», explique Karen McComb, du département de psychologie expérimentale de l'université de Sussex, Royaume-Uni (1).
La grand-mère peut reconnaître à la voix n'importe quel éléphant, se souvenir des rapports qu'il entretient avec son groupe et en informer sa famille. «Elle est la garante de tous les contacts et de la culture sociale du groupe, continue la chercheuse anglaise. L'aïeule sait au premier son émis par son interlocuteur s'il s'agit d'un agresseur potentiel ou non, d'un parent éloigné, d'une personne déjà croisée ou d'un parfait inconnu. En fonction de ce qu'elle perçoit, elle dit aux autres quoi faire.» S'approcher du nouveau venu, ne pas bouger ou se regrouper pour se protéger.
Et ses adversaires ne peuvent pas compter sur sa sénilité pour tromper sa vigilance. Plus la Loxodonta africana vieillit, plus elle étoffe son «carnet d'adresses» à force de rencontres. Passé la cinquantaine, elle enregistre dans sa mémoire auditive les sons de plus de 150 congénères.
Leur réseau relationnel moins étendu oblige les jeunes meneuses trentenaires à se tenir plus souvent sur la défensive, à lancer sans cesse des signaux d'alerte et à rassembler leurs troupes autour d'elles au moindre appel suspect, contrairement aux