Les manchots empereurs seraient-ils des thermomètres vivants? C'est ce que suggère une étude menée par Christophe Barbraud et Henri Weimerskirch, du Centre d'études biologiques du CNRS de Chizé, dans les Deux-Sèvres (Nature du 10 mai). Depuis 1952, la population de ces grands oiseaux a subi une véritable hécatombe: le nombre de couples a chuté de moitié. Un constat dressé par la base antarctique française Dumont-d'Urville en Terre Adélie. Or, une station météorologique, installée à 500 mètres de la colonie de reproduction, a pu observer que cette réduction drastique correspondait à une période de réchauffement. Alors que la température hivernale oscillait autour de 17,3° C dans les années 60, elle est remontée, entre 1974 et début des années 80, à 14,7° C.
Jeûne. Simple coïncidence ou effet secondaire du réchauffement temporaire en Antarctique? L'atmosphère transmet son surplus de chaleur aux eaux de surface et modifie l'écosystème. En hiver, les manchots se nourrissent surtout de krill (petites crevettes) éventuellement de poissons et de calmars. Or le krill est très sensible aux variations de température. «Non seulement, il se développe moins bien dans des eaux plus chaudes, mais la banquise voit sa superficie réduite par le réchauffement et offre alors moins de microcavités dans lesquelles il s'abrite», explique Christophe Barbraud. Le manque de nourriture est d'autant plus grave que le début de l'hiver, vers mai-juin, correspond au début de la couvaison des oeufs, tâc