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Libération

L'huître, un caillou fragile qui stresse à mort

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par Cédric BIHR
publié le 17 mai 2001 à 0h54

Ostréiculteurs, huîtres: mêmes angoisses. Stressés, humains et bivalves produisent les mêmes hormones. c'est la découverte que vient de faire Arnaud Lacoste, de la Station Biologique de Roscoff: «Ce sont exactement les mêmes molécules», sauf que pour les coquillages, la réaction peut aller jusqu'à la mort. Au fil des dernières années, une augmentation anormale de la mortalité des huîtres creuses juvéniles avait alarmé les ostréiculteurs. Responsable? Vibrio splendidus, un microbe. Habituellement présent en concentration inoffensive, il s'est beaucoup développé lors des températures plus clémentes des derniers hivers.

Pour expliquer ce phénomène, Arnaud Lacoste a donc reconstitué en laboratoire la dure vie des huîtres en élevage, en particulier les multiples manipulations subies lors de la récolte des larves et du transport. «Ils utilisent des machines terribles» raconte le scientifique. Même un ostréiculteur de Cancale (Ille-et-Vilaine) compatit: «Quand on va les chercher dans la baie du Mont-Saint-Michel, on drague le fond avec des grosses sacoches en ferraille. Et quand on les remonte, elles chutent plusieurs fois sur le pont du bateau.»

Centrifugeurs. Arnaud Lacoste a remué de jeunes huîtres dans des centrifugeurs pendant plusieurs minutes, en présence du pathogène Vibrio splendidus. Alors que les huîtres ne présentent aucun signe de dommage sur la coquille ou dans les tissus, la mortalité a augmenté jusqu'à 80 %.

Chez les animaux plus évolués que les bivalves ­ du poisson à