Le Havre correspondance
La tombée de la nuit est le moment le plus propice à la capture. Mardi soir, à quelques encablures du Havre, au bord de la Seine, entre mares et talus, on s'est lancé. Cadres cravatés du port autonome du Havre, représentants de la direction régionale de l'environnement (Diren) de Haute-Normandie, membres d'associations écologiques et un universitaire du Havre enjambaient énergiquement les graminées. Les uns creusent le sable, d'autres soulèvent les pierres. Le gibier? Deux minuscules crapauds. Le crapaud calamite, bufo calamita, et le pélodyte ponctué dit pelodytes punctatus.
Une puce sous la peau. Ces spécimens d'espèces protégées sont capturés puis transférés vers un lieu protégé. Une puce sous la peau ou un émetteur dans le ventre, ils sont placés sous haute surveillance à l'aide d'antennes reliées à un bipeur. Objectif: des études scientifiques sur leur nature génétique, la dynamique des populations et le comportement. Car ces petits batraciens étaient menacés par les pelleteuses du port du Havre dans le cadre de son vaste projet d'extension: Port 2000. Des études d'impact avec inventaire de la faune et la flore ont été menées en 1998, sur les 440 hectares concernés par les futurs travaux. Surprise: des batraciens protégés nichaient sur le site. Or, «la législation française interdit toute action à l'encontre de ces espèces protégées», rappelle David Peiffer, chargé de mission à la Diren. Heureusement, la loi depuis s'est assouplie: «Une déro gation