Grand-Bassin (La Réunion), envoyé spécial
Sur la falaise, dans le village du Tampon, l'hélicoptère se fait attendre. Quelques points lumineux, sept cents mètres en contrebas, dans la vallée, signalent le hameau de Grand-Bassin, au coeur de l'île de la Réunion. Une petite benne est accrochée à une paire de câbles rouillés qui disparaissent dans le vide : le seul moyen d'échanger les marchandises avec le hameau, un cordon ombilical coupé net il y a quelques mois, lorsqu'un hélicoptère privé s'est pris l'hélice dans les câbles. A quelques pas, une ligne électrique plonge dans le vide, mais s'arrête à mi-falaise. Elle alimente les pompes qui ramènent l'eau au village du Tampon, un long chapelet de hameaux qui s'étend dans la montagne. Electricité de France ne va pas plus loin, la ligne est trop chère pour la vingtaine d'âmes qui coulent une paisible existence au pied des murailles de basalte.
L'hélico s'élève et plonge à pic. Les toits grossissent et le reflet bleuté des capteurs solaires se précise. Le groupe hétéroclite débarqué du ciel intrigue Norbert, qui explique, avec un accent du Sud-Ouest qui tranche avec la sonorité locale, que l'énergie solaire «est la seule source d'électricité du village». Il s'est invité à la table où ont pris place industriels, chercheurs venus de trois continents, de l'île et de métropole, et la conseillère municipale dépêchée in extremis pour représenter le maire. `
A 38 ans, Norbert est un jeune «retraité». Ancien gendarme mobile, il vit depuis un