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Les dieux sortent des eaux, les égyptologues s'enflamment

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publié le 9 juin 2001 à 1h12

Alexandrie envoyée spéciale

Elle dormait là, sous l'eau, à six kilomètres du rivage, colossale silhouette de granit rose enfouie dans le sable. «C'est une statue du dieu Hâpi, symbole de la crue du Nil et de la fertilité, de plus de cinq mètres de haut et datant du IVe siècle avant notre ère», explique, enthousiaste, son découvreur Franck Goddio. Depuis 1996, l'explorateur français prospecte la baie d'Aboukir, à l'est d'Alexandrie. Bateaux, radars, armée de plongeurs, ses moyens sont conséquents. Après un lourd travail de topographie, l'équipe Goddio s'est intéressée plus particulièrement cette année au site d'Heracleion-Thounis. Probablement fondée à l'époque ptolémaïque, au VIe siècle avant J.-C., Heracleion-Thounis aurait été le grand port de l'embouchure occidentale du Nil. Franck Goddio vient d'y découvrir une stèle de granit noir du IVe siècle, un document douanier qui précise le montant des taxes prélevées par la ville. «C'est une découverte extraordinaire», s'enflamme l'égyptologue Jean Yoyotte, du Collège de France. «Cette stèle est un véritable panneau indicateur, qui confirme qu'il s'agit bien de cette cité de Thounis.» L'équipe de plongeurs a également découvert un naos (chapelle) indiquant l'emplacement du temple d'Heracleion. Vaisselle, statues, pièces d'or ou bijoux: la pêche a été miraculeuse. Et fait grincer des dents.

Luxueux hôtels. Financé par des fonds privés, Franck Goddio, ancien conseiller financier du gouvernement saoudien, s'est entouré de quelques sc