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Libération

Des stations peuplées de méduses

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publié le 12 juin 2001 à 1h13

Pour imaginer à quoi aurait pu ressembler la vie sans pesanteur, il suffit d'aller voir ce qui se passe sous l'eau. Là où la gravité est moins élevée et où les premières espèces ont pris forme. Car dès que le règne vivant a sorti la tête de l'eau, il y a environ quatre cents millions d'années, et grimpé sur les berges, il a immédiatement été confronté à la pesanteur. Et donc plaqué au sol. «La gravité a profondément marqué l'évolution biologique des animaux terrestres», affirme Jean-Pierre Roll, du laboratoire CNRS de neurobiologie humaine. A cause d'elle, ils ont dû développer des muscles antigravitaires, des biceps, des mollets, des cuisses pour tenir debout. «Sinon le corps s'effondrerait.» Ils ont dû adapter leur squelette pour les soutenir, et leur cerveau pour les piloter. «Ils ont été façonnés par la gravité, continue le chercheur. L'évolution a sélectionné les mutations les mieux adaptées à cette situation et à cette force.» Dans l'eau, les êtres vivants ne sont pas soumis aux mêmes contraintes. Ils s'organisent différemment. Leur morphologie aussi. «Notre symétrie n'est pas la même que celle des méduses», confirme le chercheur. Mais que deviendraient les êtres humains s'ils pouvaient vivre en absence de pesanteur, si plusieurs générations se succédaient sur des milliers d'années à bord d'une navette spatiale sans jamais toucher terre? La sélection naturelle continuerait sans doute à choisir les mutations les plus adéquates. «Nous assisterions peut-être alors à une é