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Le cerveau sens dessus dessous

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Espace. Comment de nouveaux réflexes se mettent en place en apesanteur.
publié le 12 juin 2001 à 1h13

Seuls ceux qui ont assez vécu l'apesanteur ont éprouvé une «illusion d'ascension». Une vieille impression d'astronautes de retour sur la terre ferme qui leur fait croire qu'ils s'allongent, qu'ils s'élèvent et se propulsent quand ils ne font qu'étirer les muscles de leurs jambes. Les symptômes peuvent persister quelques jours après le retour sur Terre et puis ils s'estompent. Après des travaux menés lors de six missions spatiales franco-russes, après avoir joué avec les nerfs et les muscles des astronautes, les neurobiologistes commencent à mieux comprendre les mécanismes d'adaptation et la plasticité du cerveau humain. «Il peut mettre en place un nouveau système de référence, mais conserver l'ancien, et choisir le plus adapté à une situation donnée en fonction des informations qu'il reçoit», est venu expliquer Jean-Pierre Roll, du laboratoire CNRS de neurobiologie humaine, à ses collègues lors du cinquième colloque de la Société des neurosciences (1).

Ni haut, ni bas. Il ne faut que quelques jours en orbite aux astronautes pour perdre leurs réflexes sculptés par la gravité. Normal, «ils ne servent plus à rien puisque qu'en apesanteur, les hommes n'ont plus besoin de se tenir debout», explique le chercheur. En dépit de l'architecture interne des stations qui vise à recréer un agencement terrestre, il n'y a plus de haut ni de bas. La gauche et la droite n'ont plus de sens. La plante des pieds ne reçoit plus d'informations venant du sol, elle ne ressent plus le