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Libération

Les Anglais se donnent des frissons

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publié le 26 juin 2001 à 1h21

«La Grande-Bretagne pourrait devenir aussi froide que Moscou.» La prédiction est de The Independent, dans un titre sur sept colonnes jeudi dernier. Le Guardian, lui, pose la question: «Alors que le monde se réchauffe, la Grande-Gretagne va-t-elle se refroidir?», et menace les Britanniques d'hivers «arctiques». Bigre!

Tout ça pour un article scientifique, paru le même jour dans la revue Nature (1), où trois océanographes, deux Norvégiens et un Britannique, affirment avoir repéré un ralentissement, depuis 1950, du courant froid profond qui passe entre les îles Féroé et l'Ecosse en direction de l'Atlantique. Le rapport avec le climat britannique? Ce courant est l'une des contre-parties du Gulf Stream, ce courant chaud de surface qui vient des tropiques. Il traverse l'Atlantique, remonte le long de l'Europe pour se perdre entre Norvège et Groenland, où ses eaux, refroidies, plongent vers les abysses et sont entraînées vers le sud. Le Gulf Stream explique nos hivers doux, quand le Québec se gèle durant des mois. Courant chaud de surface et courant froid profonds sont liés dans une boucle unique, ils accélèrent et ralentissent de conserve. Or, quand le circuit se bloque, cela s'est vu durant la dernière ère glaciaire, l'Europe subit un coup de froid. Pire: les simulations sur ordinateur du climat futur, réchauffé par la pollution en gaz à effet de serre, prévoient un ralentissement, en raison d'un apport supplémentaire d'eau douce sur les mers nordiques. D'où l'inquiétude des quoti