«D'accord, je pollue beaucoup, mais regardez mon puits de carbone...» Leitmotiv des négociateurs américains de la convention sur l'effet de serre, le fameux «puits» de carbone forêts et sols qui croquent le gaz carbonique de l'air et le stockent est au coeur du désaccord avec les Européens. George W. Bush pouvait, jusqu'à la semaine dernière, s'appuyer sur un article de Song Miao Fang, de l'université de Princeton (Etats-Unis) qui, en 1998 dans la revue Science, avait estimé le puits américain à environ 1,7 milliard de tonnes de carbone par an. Soit pratiquement autant que les émissions de carbone dues à l'économie du pays.
Coopération. Vendredi, cet argument a pris un sacré coup. Science a publié un article, signé de 23 scientifiques Américains, Français et Allemands , qui réduit ce puits à entre 370 et 750 millions de tonnes. Un texte issu d'un travail et d'une coopération «exemplaires», estime Philippe Ciais (1), l'un des signataires. L'idée en est née au lendemain de la publication de Song Miao Fang et en réaction avec sa conclusion, jugée un tantinet rapide. C'est Steve Pacala, lui aussi de Princeton, qui a coordonné l'opération «Vérité sur le puits», opération à laquelle s'est rallié Song Miao Fang, qui signe lui aussi le papier, acceptant ainsi la révision des chiffres à la baisse.
L'objectif de Pacala était de «réunir les meilleurs» et de confronter «deux méthodes indépendantes», explique Philippe Ciais, pour mesurer les puits de carbone. D'une part, une compila