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Libération

En Afrique, mission vérité sur l'allaitement prolongé

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publié le 27 juin 2001 à 1h22

Atrois ans, un petit Africain encore allaité est-il maigre parce qu'il est au sein, ou au sein parce qu'il est maigre? Une équipe de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) vient de répondre à cette question (1). Et de clore une violente polémique sur les effets négatifs supposés de l'allaitement maternel prolongé. Une idée curieuse, en opposition avec les discours de l'OMS sur l'allaitement. Mais publiée en août 1988 dans une des revues scientifiques les plus sérieuses, The Lancet. Une équipe de chercheurs japonais et ghanéens y relatait l'observation suivante: dans plusieurs villages du Ghana, les enfants allaités au-delà du douzième mois sont plus petits et plus maigres que ceux déjà sevrés à cet âge. Ils en tiraient la conclusion que cet allaitement prolongé était à l'origine de ces retards de croissance.

Tollé scientifique. Pour valider leur thèse, ils avaient carrément monté une expérience sur enfants gravement mal-nourris, en cours de soins dans un centre, en demandant à la moitié des mères de sevrer les enfants brusquement, en comparaison avec l'autre moitié des enfants qui continuaient à téter. Peu probante, et surtout «vraiment douteuse au plan éthique, cette expérience a soulevé un tollé dans la communauté scientifique», raconte Kirsten Simondon, de l'IRD Montpellier. Elle s'est alors lancée dans une étude au long cours sur le terrain, seul moyen pour en avoir le coeur net et éviter que cette idée dangereuse se répande.

L'opération vérité décidée par Kir