C'est une plaie pour les cultivateurs de café, mais une véritable aubaine pour les chercheurs. Brevipalpus phoenicis est le genre d'animal prêt à offrir tout ce qu'il a aux scientifiques pour peu qu'ils s'intéressent à lui. Après quelques années de recherche sur cet acarien d'Amazonie, Johannes Breueuwer de l'université d'Amsterdam et son équipe ont donc été grassement récompensés (1). Car ils ont eu beau compter et recompter, les biologistes ont bien dû se rendre à l'évidence: il n'y a pas de mâles chez les Brevipalpus phoenicis, pas plus qu'il n'y a de copie de secours des gènes dans leur patrimoine génétique.
Mutations fatales. Les 99,5 % de femelles qui composent la population de ces petits acariens d'Amazonie semblent très bien se passer des uns comme des autres. Sans mâles et sans chromosome de rechange, elles peuvent vivre, se reproduire et transmettre leur matériel génétique. Une curiosité de la nature et une exception pour des animaux supérieurs. «C'est la première fois que des chercheurs découvrent un organisme animal avec un tel bagage génétique, explique Philippe Jarne du laboratoire CNRS de génétique et de dynamique des populations. Nous pensions que tous les organismes supérieurs possédaient à un moment ou un autre de leur cycle une phase où tous leurs chromosomes étaient doublés». Pour assurer, grâce aux femelles (2), la survie de l'espèce au cas où un gène serait défectueux et mortel sur un chromosome, et la protéger des mutations fatales. «Nous pensions que s