Provence envoyé spécial
Sur la piste de l'aérodrome d'Avignon, le pilote de l'antique Fokker-27 fait son «point fixe» avant de lâcher les freins. Poussés au maximum, les moteurs font trembler la carlingue. A bord de l'Arat (avion de recherche atmosphérique et de télédétection), les racks d'électronique tressautent. Il est 7 heures du matin, ce samedi 23 juin. Décollage. Mission: trois heures durant, sillonner le ciel provençal, entre le palais des Papes, le Lubéron, la Camargue et Marseille, pour y traquer la pollution.
Une mission parmi des dizaines d'autres. Ce vol fait partie de l'opération Escompte (lire page suivante), la plus grosse opération de suivi de la pollution, à l'échelle d'une région, jamais entreprise en Europe. Elle met la Provence sous surveillance renforcée, de la mi-juin à la mi-juillet. Avions, stations au sol, ballons... et 150 scientifiques mobilisés pour enregistrer les milliers de paramètres, météo et chimiques, des épisodes de pollution de ce début d'été. Avec l'ambition d'en élucider les ressorts cachés, de construire des modèles informatiques capables de les simuler pour les prévoir et d'étudier comment les contrecarrer.
Cibler le panache. Ciel bleu, soleil ardent, vent faible... une météo «favorable», explique Pascal Perros, professeur à l'université Paris-XII, en resserrant sa ceinture. Le chimiste ne parle pas vacances. Mais pollution. Cette météo de rêve, c'est justement celle qui produit les alertes à l'ozone. Le niveau recommandé est dépassé ju