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Libération

Au pays des arbres rois

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En Ethiopie, une relation unique entre les Konsos et leurs forêts.
par Jérôme TUBIANA
publié le 10 juillet 2001 à 0h02

Pays konso (Ethiopie), envoyé spécial.

Woldedawit Kayoté Kala est un grand chef, l'un des principaux poqallas du pays konso, dans le sud de l'Ethiopie. Il possède de vastes champs en terrasses et, au sommet de l'une des plus hautes collines, l'une des trois grandes muras poqallas, une forêt sacrée qui s'étend sur deux hectares et demi. C'est là qu'il vit, avec sa femme et ses enfants, dans un hameau d'une dizaine de bâtiments perché sur un balcon dégagé en lisière de forêt, et non dans l'un des vingt-huit villages fortifiés du pays konso, qui comptent chacun 2 000 habitants en moyenne. Woldedawit quitte rarement ces lieux: il a pour obligation de se nourrir d'aliments préparés dans sa forêt.

L'un des principaux rôles du poqalla ­ outre des fonctions d'arbitre de conflits et de chef religieux ­ est la gestion de sa forêt. «Cette gestion est remarquable, et c'est sans doute grâce à elle que ces forêts survivent encore», estime Bernard Roussel, du laboratoire d'ethnobiologie au Muséum national d'histoire natu relle de Paris.

150 espèces. Chez les Konsos comme dans de nombreuses sociétés du tiers monde, les ethnobiologistes, qui se penchent sur les relations de l'homme et de son environnement, découvrent bien souvent que les communautés locales n'ont pas besoin des Occidentaux pour conserver des paysages qu'elles ont elles-mêmes contribué à façonner. Les collines konsos constituent un exemple flagrant d'environnement fortement maîtrisé par l'homme. Avec une population d'environ 200