Lorsque les chercheurs ont découvert, l'année dernière, les restes d'Héraklion et de la partie est de Canope engloutis sous 6 mètres d'eau dans la baie d'Aboukir (Egypte), ils ont tout de suite désigné deux suspects idéaux (Libération du 6 juin 2000). Seul un tremblement de terre ou un affaissement brutal du terrain avait pu, pensaient-ils, noyer ces deux cités à sept siècles d'intervalle.
Coupable. Mais en continuant de prospecter sur les lieux des crimes, Jean-Daniel Stanley, géologue spécialiste des côtes et du delta du Nil à la Smithsonian Institution de Washington, ainsi que Franck Goddio et Gérard Schnepp, de l'Institut européen d'archéologie sous-marine, ont abandonné leurs premières hypothèses et peut-être découvert le véritable coupable (1).
«Nous avons travaillé à partir de coupes sis mi ques prélevées dans la baie d'Aboukir, expli que Jean-Daniel Stanley. Ces profils basés sur des études acoustiques dessinent la configuration des dépôts de sédiments sous la mer. Leur déformation n'était limitée qu'à l'embouchure du fleuve», aux endroits précis du sinistre. Un tremblement de terre aurait perturbé les profils dans toute la baie, «et pas seulement sur le site d'Héraklion ou de Canope Est».
La clef du mystère de la baie d'Aboukir se trouvait donc ailleurs. Et sous leurs yeux. «Nous avons la preuve que la disparition de Canope Est a été provoquée par une crue du Nil dans la première moitié du VIIIe siècle après Jésus-Christ», écrit le chercheur. Franck Goddio et son équip