Devon, le 18 juillet
A travers le hublot, un panorama grandiose: une mer de collines s'étale jusqu'à l'horizon, couleur or et platine, piquée çà et là de quelques dernières touches de neige. Pas un arbre, pas un brin d'herbe, pas le moindre animal: un monde minéral sous un ciel bleu clair. Il est minuit et le soleil ne se couchera pas. Le silence de notre vaisseau spatial n'est troublé que par le ronronnement rassurant des ordinateurs. Bienvenue sur la planète rouge.
C'est mon premier jour à bord du module F-Mars: Flashline Mars Arctic Research Station. Je vous écris du laboratoire au rez-de-chaussée, devant le hublot, avec cette vue imprenable sur le cratère de Haughton, une vaste cuvette de vingt kilomètres de diamètre creusée par le fracas d'un astéroïde il y a 23 millions d'années. A 500 kilomètres du pôle nord magnétique.
Les cinq autres membres de l'équipage sont dispersés dans les autres compartiments du module. Le commandant Robert Zubrin est à l'étage, écrivant son rapport, avec l'ingénieur canadien Steve Brahm qui planche sur notre système de télécommunications. Erigée près de notre habitacle, une parabole pointe plein sud, vers le satellite canadien Anik-E2. Christine Jayarajah, notre chimiste du Sri Lanka, s'apprête à prendre une douche bien méritée vingt litres d'eau à tout casser après notre sortie en scaphandre cet après-midi. Brent Bos, ingénieur en caméras spatiales, écrit un article; et Cathrine Frandsen, géologue et physicienne danoise, met de l'ordre dan