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Libération

Tranches de roche plus fines qu'un cheveu

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Embarqués dans un «vaisseau spatial» de la Mars Society sur l'île Devon, à 500 km du pôle nord magnétique, des scientifiques simulent l'exploration de la planète rouge. Parmi eux, Charles Frankel, qui, jusqu'au 30 juillet, racontera pour «Libération» ses aventures «martiennes».
par Charles FRANKEL
publié le 26 juillet 2001 à 0h10

Devon, le 24 juillet

Il pleut sur Mars! Je me réveille, après une très courte nuit, au son agréable de la pluie sur les hublots. Le temps magnifique dont nous bénéficiions depuis cinq jours a fait place à un joli front nuageux. Du coup, notre expédition du jour est reportée.

Cathrine et moi commençons à décrire nos échantillons dans notre journal de bord. De la dolomite, de la dolomite, et encore de la dolomite... De la brune, de la beige, de la grise violacée, avec des lichens et des colonies bactériennes rouges, noires, marron et vert émeraude. Il y a aussi des spécimens exotiques, des fragments de récif de corail, vieux de 400 millions d'années, et les fameuses brèches créées par l'impact de l'astéroïde. Ce soir, nous allons scier en dominos les échantillons les plus intéressants, et polir leur surface, puis les passer au four pendant la nuit pour en chasser toute trace d'eau, avant de les monter sur des lames de verre avec de la résine époxy. Quand elles seront prêtes, ces tranches de roche seront trois fois plus fines que l'épaisseur d'un cheveu (30 microns) et laisseront passer la lumière comme des vitraux. Au microscope, le spectacle est magnifique et instructif: selon la manière dont ils transmettent la lumière, les cristaux trahissent leur identité.

Pendant ce temps, Brent Bos teste la caméra qui sera montée sur Beagle-2, la prochaine sonde qui se posera sur Mars en 2004 dans le cadre de la mission européenne Mars Express. Il s'agit d'une caméra microscope, qui sera ca