Président du CNRS, Gérard Mégie est un spécialiste de la chimie atmosphérique. Il dresse ici les relations dangereuses que nous entretenons avec l'air dont nous vivons, à l'occasion d'un colloque du CNRS sur les sciences de l'atmosphère (1).
A quels signes peut-on mesurer l'influence de l'homme sur l'atmosphère de la planète?
Nous en repérons trois catégories: l'évolution de l'ozone stratosphérique, les pollutions urbaine et industrielle, l'émission massive de gaz à effet de serre. Mais les problématiques sociales sont très différentes. Pour l'ozone stratosphérique, les problèmes sont en voie de résolution alors que pour les deux autres, ils sont plutôt devant nous.
Les observations de l'ozone stratosphérique ne montrent aucune amélioration...
Le fameux «trou», au-dessus de l'Antarctique, est toujours aussi marqué, voire pire qu'il y a dix ans à chaque retour du printemps austral. A la suite du protocole signé à Montréal en 1987, nous avons pourtant pris des mesures pour diminuer puis stopper les émissions de molécules chlorées et bromées responsables de ce phénomène. Ce paradoxe s'explique par la lenteur de la diffusion dans l'air: c'est en ce moment que la pollution est maximale dans la stratosphère et que la couche d'ozone est dans son état de plus grande fragilité. Il faudra attendre encore plusieurs années pour que la teneur en molécules tueuses d'ozone diminue: d'environ 15 % d'ici une dizaine d'années, puis plus rapidement ensuite. Le changement climatique ralentira cette