A bord de «l'Europe» envoyé spécial
En ce début septembre, la Méditerranée s'est faite belle avec, sous un ciel lavé par le mistral, les falaises de la calanque de Podestat et les rocs blancs tachetés de vert, des îles de la Jarre Calsereigne et Riou. A bord du navire océanographique l'Europe, Gilles Bocquené, écotoxicologiste à l'Ifremer (1) Nantes, lâche: «On pourrait se croire au paradis.» Il ironise. Car, sous la carte postale, c'est le cloaque.
Cachée par ce littoral de rêve, l'agglomération marseillaise n'est qu'à deux pas. Et ses égouts débouchent ici même, au droit de la calanque de Cortiou. Il y a dix ans, se souvient le biologiste, «c'était pestilentiel». Une station d'épuration modernisée a réduit les dégâts. Mais ils restent majeurs. C'est leurs effets sur les populations marines que cette mission, dirigée par Gilles Bocquené, est venue étudier. A bord du navire, sept chercheurs et thésards français, espagnols et allemands participent à un vaste programme européen d'analyse, sur poissons et mollusques, des effets de la pollution côtière, de la Baltique à la Méditerranée (lire ci-contre). Démonstration par un trait de chalut, filé sous les ordres de Jean-Guillaume Cloarec, le bosco de l'Europe.
Bon témoin. Après dix minutes, les treuils le remontent sur le pont arrière. Ouverte, la poche dépose un magma boueux, où surnagent déchets en tout genre, bouteilles et gobelets en plastique, verres, ferrailles... Mais la vie aussi. Quelques étoiles de mer, serrans-chèvres, do