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Interview

Pascal Picq, paléoanthropologue, a codirigé l'ouvrage: «Il n'y a plus de chaînon manquant»

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publié le 30 octobre 2001 à 1h25

Maître de conférences au Collège de France, le paléoanthropologue Pascal Picq a dirigé avec Yves Coppens le volumineux ouvrage Aux origines de l'humanité, et rassemblé les contributions de chercheurs français et étrangers.

Que nous ont appris sur nos origines les dernières années de fouilles paléontologiques?

Tous les derniers ancêtres découverts le montrent: il n'existe pas une lignée qui va vers l'homme via les australopithèques et une lignée qui va vers les chimpanzés, mais un foisonnement de lignées. Il n'y a pas de saut magique dans notre évolution, elle s'est jouée sur une partition qui a été déclinée de différentes manières, les bipédies, les cerveaux, l'usage d'outils et les grosses mâchoires. On trouve tout cela de différentes manières, on fait sauter les schémas classiques, par exemple grosses mâchoires = petits cerveaux et bipédie incertaine (australopithèque) opposé à gros cerveau = petite mâchoire et bipédie développée (les hommes): tout cela est remis en cause aujourd'hui.

Malgré toutes les découvertes, on ne connaît que des bribes de l'histoire?

Entre 14 et 7 millions, nous n'avons rien. Sur la branche qui va vers les grands singes, nous n'avons rien non plus. Sur notre branche, nous avons des fossiles à partir de 6 millions d'années. Nous ne connaissons donc effectivement qu'une toute petite partie de l'histoire. Voilà scientifiquement où on en est. Dès qu'on a des documents pour une période donnée, on constate un foisonnement d'espèces. Par rapport à 15-20 milli